L'historie des 47 rōnin est importante pour les Japonais

Proposé par
le
dans

Au Japon, l'histoire des 47 rōnin est un monument national. Elle raconte l'histoire d'un groupe de rōnin qui décida de venger la mort de leur chef en tuant le responsable de sa condamnation. Après avoir mené à bien leur projet, ils se rendirent aux autorités, sachant qu'ils seraient condamnés à mort. On leur laissa alors l'occasion de mourir en guerriers, en pratiquant le seppuku (suicide rituel).


Commentaires préférés (3)

Pour ceux qui, comme moi, se posent la question :

Un rōnin est un samouraï japonais qui a perdu son maître ou son seigneur, soit parce que ce dernier est mort, soit parce qu’il a été déshonoré ou ruiné.

Vous pouvez voir le film "47 ronins" avec
Keanu Reeves.
Sûrement pas son meilleur film, mais à voir pour ceux qui aiment le Japon et les histoires de samouraïs.

A noter qu'une partie des informations concernant cette histoire est sujette à caution et qu'il est encore aujourd'hui difficile d'en démêler complétement les éléments légendaires et véridiques, surtout si l'on prend en compte le fait que cette légende, comme bien d'autres, a été récupérée au service de la construction du roman national japonais. A partir de l'ère Meiji (qui commence en 1868 et pendant les deux guerres mondiales le Japon va entamer une importante réécriture de son histoire afin d'exalter un sentiment national japonais et de mettre en avant certains principes aujourd'hui largement associés au pays comme le sens du sacrifice. Le Japon est impliqué durant toute cette période dans plusieurs guerres, certaines avec des pertes importantes côté japonais, et il faut bien donner un sens à la mort de touts les hommes envoyés sur le front. C'est de cette période que nous viennent certaines représentations aujourd'hui bien ancrées dans l'imaginaire collectif, avec en tête celle du samouraï/ronin armé de son katana et prêt à tout pour défendre son honneur.
Dans les faits, l'usage du katana et son association avec une élite ne sont généralisés que très tardivement dans l'histoire japonaise, et les samouraï n'avaient quant à eux aucun problème pour la plupart à changer d'allégeance si un seigneur autre que celui qu'ils servaient leur faisait une meilleure offre, ou à adopter de nouvelles technologies militaires si celles-ci leur permettaient de prendre l'avantage sur leurs adversaires. Ce serait un euphémisme que de dire que les marchands portugais n'ont pas eu trop de mal à écouler leurs stocks de mousquets une fois qu'ils ont pu commercer avec le Japon Il y a certes eu des cas de résistance face à l'introduction de ces technologies (je pense notamment à l'histoire du film "Le dernier samouraï", inspirée de l'histoire vrai d'une révolte à laquelle pris part un officier français, et non pas un capitaine américain comme dans le film). Mais ces cas de résistance étaient surtout liés à la volonté de conserver certains privilèges menacés par l'introduction de ces technologies. Pour résumer ça grossièrement : quand votre statut social dépend en grande partie de votre statut de guerrier et de votre habilité à manier les armes, vous ne voyez pas forcément d'un très bon oeil le fait que l'état s'arroge le monopole de la gestion militaire et généralise l'emploi d'armes que le moindre pécore peut apprendre à manier en une journée.

La parallèle entre les samouraï et les chevaliers occidentaux est d'ailleurs assez amusant : dans les deux cas on a une caste guerrière progressivement anoblie pour laquelle le pillage et l'enrichissement personnels étaient des activités comme les autres, qui par la suite a été érigée en modèle de vertu en y accolant une espèce de "sens de l'honneur" qui, dans sa définition moderne, leur était plutôt étranger.
Bref, méfiez-vous des trop belles histoires sur des guerriers japonais animés par leur sens de l'honneur. La réalité historique est souvent un peu plus complexe.


Tous les commentaires (9)

Pour ceux qui, comme moi, se posent la question :

Un rōnin est un samouraï japonais qui a perdu son maître ou son seigneur, soit parce que ce dernier est mort, soit parce qu’il a été déshonoré ou ruiné.

Vous pouvez voir le film "47 ronins" avec
Keanu Reeves.
Sûrement pas son meilleur film, mais à voir pour ceux qui aiment le Japon et les histoires de samouraïs.

A noter qu'une partie des informations concernant cette histoire est sujette à caution et qu'il est encore aujourd'hui difficile d'en démêler complétement les éléments légendaires et véridiques, surtout si l'on prend en compte le fait que cette légende, comme bien d'autres, a été récupérée au service de la construction du roman national japonais. A partir de l'ère Meiji (qui commence en 1868 et pendant les deux guerres mondiales le Japon va entamer une importante réécriture de son histoire afin d'exalter un sentiment national japonais et de mettre en avant certains principes aujourd'hui largement associés au pays comme le sens du sacrifice. Le Japon est impliqué durant toute cette période dans plusieurs guerres, certaines avec des pertes importantes côté japonais, et il faut bien donner un sens à la mort de touts les hommes envoyés sur le front. C'est de cette période que nous viennent certaines représentations aujourd'hui bien ancrées dans l'imaginaire collectif, avec en tête celle du samouraï/ronin armé de son katana et prêt à tout pour défendre son honneur.
Dans les faits, l'usage du katana et son association avec une élite ne sont généralisés que très tardivement dans l'histoire japonaise, et les samouraï n'avaient quant à eux aucun problème pour la plupart à changer d'allégeance si un seigneur autre que celui qu'ils servaient leur faisait une meilleure offre, ou à adopter de nouvelles technologies militaires si celles-ci leur permettaient de prendre l'avantage sur leurs adversaires. Ce serait un euphémisme que de dire que les marchands portugais n'ont pas eu trop de mal à écouler leurs stocks de mousquets une fois qu'ils ont pu commercer avec le Japon Il y a certes eu des cas de résistance face à l'introduction de ces technologies (je pense notamment à l'histoire du film "Le dernier samouraï", inspirée de l'histoire vrai d'une révolte à laquelle pris part un officier français, et non pas un capitaine américain comme dans le film). Mais ces cas de résistance étaient surtout liés à la volonté de conserver certains privilèges menacés par l'introduction de ces technologies. Pour résumer ça grossièrement : quand votre statut social dépend en grande partie de votre statut de guerrier et de votre habilité à manier les armes, vous ne voyez pas forcément d'un très bon oeil le fait que l'état s'arroge le monopole de la gestion militaire et généralise l'emploi d'armes que le moindre pécore peut apprendre à manier en une journée.

La parallèle entre les samouraï et les chevaliers occidentaux est d'ailleurs assez amusant : dans les deux cas on a une caste guerrière progressivement anoblie pour laquelle le pillage et l'enrichissement personnels étaient des activités comme les autres, qui par la suite a été érigée en modèle de vertu en y accolant une espèce de "sens de l'honneur" qui, dans sa définition moderne, leur était plutôt étranger.
Bref, méfiez-vous des trop belles histoires sur des guerriers japonais animés par leur sens de l'honneur. La réalité historique est souvent un peu plus complexe.

On peut visiter leurs tombes dans le temple Sengaku-ji à Tokyo . Vrai ou non ils sont là bas au moins leurs tombes.

a écrit : Pour ceux qui, comme moi, se posent la question :

Un rōnin est un samouraï japonais qui a perdu son maître ou son seigneur, soit parce que ce dernier est mort, soit parce qu’il a été déshonoré ou ruiné.
Et si je peux me permettre de compléter, le seppuku est, comme précisé dans l'anecdote, un suicide rituel, qui consiste à s'entailler l'abdomen dans la largeur au dessus du nombril.
D'autres formes (dont jai oublié le nom) en découlent avec plus ou moins "d'honneur " comme le fait de rajouter une entaille dans le sens de la hauteur, ou alors se faire accompagner par un ami qui tranchait la tête dans la foulée de l'acte pour abréger les souffrances.

a écrit : A noter qu'une partie des informations concernant cette histoire est sujette à caution et qu'il est encore aujourd'hui difficile d'en démêler complétement les éléments légendaires et véridiques, surtout si l'on prend en compte le fait que cette légende, comme bien d'autres, a été récupérée au service de la construction du roman national japonais. A partir de l'ère Meiji (qui commence en 1868 et pendant les deux guerres mondiales le Japon va entamer une importante réécriture de son histoire afin d'exalter un sentiment national japonais et de mettre en avant certains principes aujourd'hui largement associés au pays comme le sens du sacrifice. Le Japon est impliqué durant toute cette période dans plusieurs guerres, certaines avec des pertes importantes côté japonais, et il faut bien donner un sens à la mort de touts les hommes envoyés sur le front. C'est de cette période que nous viennent certaines représentations aujourd'hui bien ancrées dans l'imaginaire collectif, avec en tête celle du samouraï/ronin armé de son katana et prêt à tout pour défendre son honneur.
Dans les faits, l'usage du katana et son association avec une élite ne sont généralisés que très tardivement dans l'histoire japonaise, et les samouraï n'avaient quant à eux aucun problème pour la plupart à changer d'allégeance si un seigneur autre que celui qu'ils servaient leur faisait une meilleure offre, ou à adopter de nouvelles technologies militaires si celles-ci leur permettaient de prendre l'avantage sur leurs adversaires. Ce serait un euphémisme que de dire que les marchands portugais n'ont pas eu trop de mal à écouler leurs stocks de mousquets une fois qu'ils ont pu commercer avec le Japon Il y a certes eu des cas de résistance face à l'introduction de ces technologies (je pense notamment à l'histoire du film "Le dernier samouraï", inspirée de l'histoire vrai d'une révolte à laquelle pris part un officier français, et non pas un capitaine américain comme dans le film). Mais ces cas de résistance étaient surtout liés à la volonté de conserver certains privilèges menacés par l'introduction de ces technologies. Pour résumer ça grossièrement : quand votre statut social dépend en grande partie de votre statut de guerrier et de votre habilité à manier les armes, vous ne voyez pas forcément d'un très bon oeil le fait que l'état s'arroge le monopole de la gestion militaire et généralise l'emploi d'armes que le moindre pécore peut apprendre à manier en une journée.

La parallèle entre les samouraï et les chevaliers occidentaux est d'ailleurs assez amusant : dans les deux cas on a une caste guerrière progressivement anoblie pour laquelle le pillage et l'enrichissement personnels étaient des activités comme les autres, qui par la suite a été érigée en modèle de vertu en y accolant une espèce de "sens de l'honneur" qui, dans sa définition moderne, leur était plutôt étranger.
Bref, méfiez-vous des trop belles histoires sur des guerriers japonais animés par leur sens de l'honneur. La réalité historique est souvent un peu plus complexe.
Afficher tout
Merci pour ces précisions, mais le cas pourrait être valable pour toutes les histoires de chaques pays du monde.
Il faudrait être crédule pour croire que la France n'a pas elle aussi enjolivé "le roman national"...
L Histoire est écrite par les gagnants donc...

a écrit : Et si je peux me permettre de compléter, le seppuku est, comme précisé dans l'anecdote, un suicide rituel, qui consiste à s'entailler l'abdomen dans la largeur au dessus du nombril.
D'autres formes (dont jai oublié le nom) en découlent avec plus ou moins "d'honneur " comme le fa
it de rajouter une entaille dans le sens de la hauteur, ou alors se faire accompagner par un ami qui tranchait la tête dans la foulée de l'acte pour abréger les souffrances. Afficher tout
Pour préciser la précision : pour les japonais, l'"âme (le ki, l'énergie vitale) est située dans l'abdomen. S'ouvrir le ventre permettait au suicidaire de prouver à l'assemblée que son âme était pure.
Le partenaire qui assistait le suicidaire lui tranchait la tête au moment où le corps de ce dernier s'affaissait, les muscles abdominaux ne parvenant plus à tenir le buste.

La prononciation "seppuku" est relativement "précieuse", l'expression la plus utilisée dans le langage courant, au Japon - comme en France, d'ailleurs - est "harakiri"
Aussi bizarre que cela paraisse, ce sont deux prononciations du même kenji qualifiant cette action (suicide rituel, ou plutôt "couper le ventre")
Les deux termes sont utilisés au Japon, "harakiri" étant le terme utilisé dans le langage populaire, seppuku dans la langue écrite ("soutenue"), mais ici on est pas au Japon, et le terme utilisé par les Française est "harakiri"
Wikipédia : "Selon l'écrivain Christopher Ross, le terme populaire harakiri est utilisé dans la langue parlée japonaise, mais n'était pas utilisé dans les textes. Celui-ci est formé d'après une lecture japonaise native kun, des mêmes caractères mais dans le sens inverse : 腹 (« ventre ») lu hara, et 切 (« couper ») lu kiri"