Le premier document en français date de 842. Il s’agit des "Serments de Strasbourg" qui marquent l’alliance militaire entre Charles le Chauve et Louis le Germanique, contre Lothaire Ier. Par la même occasion, cet accord constitue « l’acte de naissance de la langue française ». Auparavant, les textes officiels étaient en effet tous rédigés en latin.
Commentaires préférés (3)
Pour informations, ce sont tous les trois les petits enfants de Charlemagne. Lothaire avait tout l'est se son empire lorsqu'ils ont dû le diviser. J'ai étudier le document dans le cadre d'un séminaire sur l'évolution de la langue
Parler de document en "français" est assez peu précis. Si la langue utilisée est bien une langue romane, elle ressemble encore énormément au latin, un latin "vulgaire" (dans le sens d'utilisé par le peuple) et déformé par plusieurs siècles d'évolutions. Un exemple : le début du serment prononcé en roman par les troupes germaniques de Louis, le frère de Charles : "Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, d'ist di en avant..." (signifiant "Pour l'amour de Dieu, pour le peuple chrétien et pour notre salut commun, à partir de ce jour...") ressemble beaucoup plus à du latin et est globalement assez difficilement compréhensible pour un français d'aujourd'hui. Le texte entier est lisible ici : gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84238417/f29.image
Suite à la mort de Louis le Pieux, le fils de Charlemagne, en 840, l'empire carolingien fut divisé en trois parties : la partie occidentale est revenue à Charles le Chauve, la partie orientale à Louis le Germanique, et tout la partie centrale (du Benelux à l'Italie) à l'aîné, Lothaire, qui récupérait aussi le titre prestigieux d'Empereur Romain d'Occident (qu'avait relancé Charlemagne en 800).
Comme Charles et Louis refusent de reconnaître Lothaire comme leur suzerain, la guerre éclate entre les trois frères, et l'alliance des deux cadets est victorieuse en 841 à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye. En 842 à Strasbourg, les deux armées se prêtent mutuellement serment d'alliance et d'assistance contre Lothaire, et ce, chacune dans la langue de l'autre afin d'être compris de tous. Les troupes orientales ont donc prêté serment en "proto-français", et les troupes occidentales en "proto-germanique".
Enfin, en 843, Lothaire est obligé de s'avouer vaincu et accepte la séparation de l'empire en trois entités indépendantes ne dépendant pas de lui. Les trois frères signent donc le traité de Verdun pour consacrer cette situation géopolitique, et ce traité est considéré comme l'acte de naissance de l'entité qui est devenue la France (Attention toutefois à l'anachronisme, à l'époque la notion de France était totalement inconnue et ne correspondait à aucune réalité. Le nom lui même du pays s'est imposé sous Philippe Auguste, qui a changé sa titulature de "Rex Francorum", roi des Francs, à "Rex Franciae", roi de France, à la toute fin du XIIe siècle.)
Ce traité de Verdun est par ailleurs à l'origine d'une bonne partie de la géopolitique du millénaire qui a suivi, les deux entités occidentale et orientale s'affrontant pour la possession de la partie centrale (les Etats Bourguignons du XVe siècle, entre France et St Empire ; l'Alsace sous Louis XIV ; et on pourrait aller jusqu'à la tentative française de récupérer la Sarre après la seconde guerre mondiale).
L'unité du grand et puissant empire carolingien, fondé par Charlemagne en 800 (roi des Francs en 768, empereur romain d'occident en 800, mort en 814), n'a donc tenu que 4 décennies. Cependant, la dignité impériale s'est conservée, puisque dès 962, la nouvelle dynastie ottonienne fonde le Saint Empire Romain Germanique sur les terres de la Francie orientale.
Pour ce qui est des premiers textes en langue "proto-française", on peut également citer la Séquence de Sainte Eulalie, poème hagiographique de 29 vers visible ici : upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/13/Ludwigslied.jpg?uselang=fr
Tous les commentaires (31)
Il s'en est fallu d'un cheveu pour que le français ne devienne pas notre langue.
Sur impulsion de notre sacré Charlemagne au Concile de Tours debut IXeme siècle ;)
Alors, c'est l'histoire d'un chauve et d'un germanique...
Pour informations, ce sont tous les trois les petits enfants de Charlemagne. Lothaire avait tout l'est se son empire lorsqu'ils ont dû le diviser. J'ai étudier le document dans le cadre d'un séminaire sur l'évolution de la langue
Minus stultus cubitum ire...
alors à relativiser vis à vis du français d aujourd'hui bien sur puisqu'il y a de tres grandes chances qu en tentant de le lire on n'en comprenne pas un seul mot^^
Parler de document en "français" est assez peu précis. Si la langue utilisée est bien une langue romane, elle ressemble encore énormément au latin, un latin "vulgaire" (dans le sens d'utilisé par le peuple) et déformé par plusieurs siècles d'évolutions. Un exemple : le début du serment prononcé en roman par les troupes germaniques de Louis, le frère de Charles : "Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, d'ist di en avant..." (signifiant "Pour l'amour de Dieu, pour le peuple chrétien et pour notre salut commun, à partir de ce jour...") ressemble beaucoup plus à du latin et est globalement assez difficilement compréhensible pour un français d'aujourd'hui. Le texte entier est lisible ici : gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84238417/f29.image
Suite à la mort de Louis le Pieux, le fils de Charlemagne, en 840, l'empire carolingien fut divisé en trois parties : la partie occidentale est revenue à Charles le Chauve, la partie orientale à Louis le Germanique, et tout la partie centrale (du Benelux à l'Italie) à l'aîné, Lothaire, qui récupérait aussi le titre prestigieux d'Empereur Romain d'Occident (qu'avait relancé Charlemagne en 800).
Comme Charles et Louis refusent de reconnaître Lothaire comme leur suzerain, la guerre éclate entre les trois frères, et l'alliance des deux cadets est victorieuse en 841 à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye. En 842 à Strasbourg, les deux armées se prêtent mutuellement serment d'alliance et d'assistance contre Lothaire, et ce, chacune dans la langue de l'autre afin d'être compris de tous. Les troupes orientales ont donc prêté serment en "proto-français", et les troupes occidentales en "proto-germanique".
Enfin, en 843, Lothaire est obligé de s'avouer vaincu et accepte la séparation de l'empire en trois entités indépendantes ne dépendant pas de lui. Les trois frères signent donc le traité de Verdun pour consacrer cette situation géopolitique, et ce traité est considéré comme l'acte de naissance de l'entité qui est devenue la France (Attention toutefois à l'anachronisme, à l'époque la notion de France était totalement inconnue et ne correspondait à aucune réalité. Le nom lui même du pays s'est imposé sous Philippe Auguste, qui a changé sa titulature de "Rex Francorum", roi des Francs, à "Rex Franciae", roi de France, à la toute fin du XIIe siècle.)
Ce traité de Verdun est par ailleurs à l'origine d'une bonne partie de la géopolitique du millénaire qui a suivi, les deux entités occidentale et orientale s'affrontant pour la possession de la partie centrale (les Etats Bourguignons du XVe siècle, entre France et St Empire ; l'Alsace sous Louis XIV ; et on pourrait aller jusqu'à la tentative française de récupérer la Sarre après la seconde guerre mondiale).
L'unité du grand et puissant empire carolingien, fondé par Charlemagne en 800 (roi des Francs en 768, empereur romain d'occident en 800, mort en 814), n'a donc tenu que 4 décennies. Cependant, la dignité impériale s'est conservée, puisque dès 962, la nouvelle dynastie ottonienne fonde le Saint Empire Romain Germanique sur les terres de la Francie orientale.
Pour ce qui est des premiers textes en langue "proto-française", on peut également citer la Séquence de Sainte Eulalie, poème hagiographique de 29 vers visible ici : upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/13/Ludwigslied.jpg?uselang=fr
J'aurais juré avoir appris cette anecdote sur ce site. Pourtant je ne le retrouve pas en utilisant l'outil de recherche.
Edit : C'était en complément à celle ci.
secouchermoinsbete.fr/76238-le-gaulois-n-a-finalement-que-peu-a-voir-avec-le-francais
Mais bon, comme je dis toujours, "Lorem ipsum dolor sic amet"...