En mars 2011, alors que la centrale de Fukushima était en crise et subissait une coupure d'électricité, les techniciens rassemblèrent les batteries 12 volts de leurs véhicules afin d'alimenter des vannes de dépressurisation, permettant l'injection d'eau douce dans le réacteur n°3 pour le refroidir.
Les générateurs d'électricité de secours avaient été noyés par le tsunami du 11 mars : la centrale n'avait donc plus d'électricité.
Le 13 mars peu avant 3h du matin, le système dit "HPCI" (High Pressure Coolant Injection) assurant l'arrivée d'eau dans le réacteur n°3 s'arrêta brusquement.
L'eau ne pouvait pas être acheminée à cause de la trop forte pression du réacteur. Réduire cette pression nécessitait d'ouvrir les vannes "SRV" (Safety Relief Valves), dont l'alimentation est électrique.
Vers 9h, les ouvriers et techniciens du site sont parvenus à brancher en série suffisamment de batteries 12V d'automobiles dans la salle de commande pour alimenter ces vannes.
Une vingtaine de minutes plus tard, la pression avait diminué, permettant à l'eau douce d'entrer, et de refroidir le réacteur, jusqu'à épuisement des réserves vers 12h20.
L'eau de mer fut ensuite utilisée, mais ceci ne suffit pas à éviter l'explosion du bâtiment du réacteur le lendemain à 11h à cause de l'hydrogène qui s'y était accumulé.
Commentaires préférés (3)
A noter que le système HPCI fonctionnait déjà sur batterie depuis le tsunami du 11 mars, et donc oui il s’est "arrêté brusquement" le 13 mars mais c’était prévisible, les batteries ne sont pas éternelles…
TEPCO avait pourtant été alerté des années avant des risques en cas de tsunami, mais n’avait rien fait.
En tous cas l’utilisation des batteries auto montre la débrouillardise des japonais.
Je suis content de voir mon anecdote sur Fukushima publiée !
Avant de rebondir sur l'anecdote en elle-même, je souhaite rappeler que :
- L'accident de Fukushima a commencé le 11 mars 2011, consécutivement au tsunami, lui-même causé par un séisme de magnitude 9,1 situé au large des côtes japonaises.
- La centrale possédait 6 réacteurs nucléaires, dont 3 étaient en arrêt prolongé (arrêt de tranche). Les trois autres se sont arrêtés automatiquement dès la survenue du séisme (arrêt d'urgence dit "SCRAM").
- Un réacteur à l'arrêt continue de produire beaucoup de chaleur (dite chaleur résiduelle ou puissance résiduelle) et doit être refroidi avec de l'eau : cette eau est mise en circulation par des pompes et des vannes électriques.
- Le séisme a endommagé le réseau de distribution électrique : la centrale de Fukushima ne produisait donc plus d'électricité, et n'en recevait pas non plus : la coupure de courant était totale.
- Les "diesels de secours" censés alimenter en électricité la centrale et les salles des commandes dans de pareilles circonstances ont été noyés par le tsunami et ne pouvaient donc plus fonctionner.
- Les explosions survenues à Fukushima ne sont pas des explosions de réacteurs : mais des explosions de bâtiments causés par une accumulation de dihydrogène (gaz explosif).
Chaque réacteur a suivi un scénario accidentel particulier, et l'anecdote parle ici du réacteur n°3, dont le bâtiment a explosé le 14 mars à 11h01.
Le réacteur n°3 dispose d'un système RCIC (Reactor core isolation cooling system), d'un système HPCI (High Pressure Core Injection system) et de vannes SRV (Safety Relief Valves).
Voici un résumé chronologique de l'accident :
Le 11 mars :
- À 15h05, le RCIC a été démarré manuellement, à titre préventif.
- À 15h25, il a été arrêté, le niveau d'eau dans la cuve étant trop important.
- À 15h38, les deux diesels deviennent indisponibles (car noyés par le tsunami), mais des batteries prévues pour ça permettaient de manœuvrer les vannes de régulation de ces deux systèmes afin de contrôler la pression et le niveau d'eau dans la cuve.
- À 16h03, le RCIC démarre de nouveau
Le 12 mars :
- À 11h36, le RCIC s'arrête.
- À 12h35, le HPCI démarre automatiquement sur un bas niveau d'eau dans la cuve. En prévision de l'épuisement des batteries, l'exploitant TEPCO prépare des moyens alternatifs d'injection.
Le 13 mars :
- À 2h42, le HPCI défaille. L'eau s'évapore, et le niveau dans la cuve diminue dangereusement.
- À 7h05, un appel général est lancé au personnel de TEPCO présent sur le site, afin de leur emprunter leur batterie de voiture.
- Aux alentours de 9h : le cœur du réacteur devient exposé à l'air et la fusion de ce dernier commence.
- À 9h08, grâce à l'électricité des batteries, les vannes SRV sont ouvertes, ce qui permet la dépressurisation (éventage) de la cuve.
- À 9h25, suite à cette dépressurisation, une injection d'eau douce peut enfin avoir lieu.
- À 12h20, les réserves d'eau douce étant épuisées, il est décidé de procéder à une injection d'eau de mer. Mais les travaux de basculement sont alors perturbés par des répliques sismiques.
- À 13h12, l'injection d'eau de mer commence alors, mais c'est insuffisant et le cœur continue de fondre pendant que la vapeur d'eau réagit avec le zirconium des gaines, dégageant du dihydrogène.
Le 14 mars :
- À 5h20, une nouvelle dépressurisation (éventage) est réalisée : libérant ainsi beaucoup de dihydrogène dans le bâtiment réacteur.
- À 11h01, le dihydrogène s'étant trop accumulé finit par exploser : les débris du bâtiment du réacteur n°3 sont projetés tout autour, endommageant les circuits d'injection d'eau de mer du réacteur, et de son voisin le n°2.
Le 15 mars :
- Vers 6h, le dihydrogène massivement produit par le réacteur n°3 s'étant préalablement répandu à travers une conduite jusque dans le bâtiment du réacteur n°4, conduisant à une explosion suivie d'un incendie. Ce réacteur était à l'arrêt, mais un refroidissement du combustible usé était tout de même nécessaire.
Dans la source "La Tribune", il est dit que :
Une tension de 120 volts étant nécessaire [pour démarrer les vannes SRV.], 10 batteries délivrant 12 volts devaient être trouvées pour être branchées en série.
À 7h05, un appel général était lancé aux ouvriers et techniciens présents sur le site, afin de leur emprunter leur batterie de voiture.
Suivi d'un autre à 7h21 pour leur emprunter cette fois-ci... de l'argent, afin d'aller en acheter au plus vite à la ville la plus proche, car il n'y en avait pas assez !
20 batteries finalement branchées, la dépressurisation (éventage) pouvait enfin intervenir
Je n'ai pas trouvé d'autres sources attestant de cet achat de batteries de voitures, mais il est vrai que l'illustration affichée à 13m26 par le documentaire « Inside Japan's Nuclear Meltdown » de Frontline BPS (dernière source) montre des batteries dans des cartons, ce qui laisse suggérer qu'elles ont été fraichement déballées.
J'espère que cette anecdote et ce double commentaire vous auront appris des choses (ou au moins rafraichi la mémoire), et que vous ne vous adonnerez pas en réponse à une critique facile (ou simpliste) de l'industrie nucléaire.
Il convient de garder à l'esprit que d'autres secteurs industriels connaissent de graves accidents, y compris dans le secteur de l'énergie (plateformes, pétrolières, raffineries, barrages hydroélectriques, industrie gazière, mines de charbon).
Certains se souviendront peut-être que j'avais critiqué par le passé le fait que des anecdotes SCMB étaient publiées suite à des vidéos récentes publiées sur YouTube.
Et bien je plaide coupable : j'ai appris cette anecdote sur la chaine de Obiyann, dans sa vidéo "Que s'est-il passé lors de l'accident de FUKUSHIMA ?" citée en source.
Je vous la recommande : www.youtube.com/watch?v=ZW58OX2IBfM&t=940
Tous les commentaires (18)
A noter que le système HPCI fonctionnait déjà sur batterie depuis le tsunami du 11 mars, et donc oui il s’est "arrêté brusquement" le 13 mars mais c’était prévisible, les batteries ne sont pas éternelles…
TEPCO avait pourtant été alerté des années avant des risques en cas de tsunami, mais n’avait rien fait.
En tous cas l’utilisation des batteries auto montre la débrouillardise des japonais.
La mini serie the days relate ce qu'il s'est passé dont ces faits là.
Il ne faut pas non plus trop critiquer. Parfois le sort s’acharne.
En effet, la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi était protégée par une digue de 5,7 mètres de hauteur.  Cependant, le tsunami qui a suivi le séisme a généré une vague atteignant 14 à 15 mètres de haut, submergeant largement la digue de protection. 
Avant l’accident, les autorités de sûreté japonaises et l’exploitant de la centrale, TEPCO, avaient sous-estimé le risque de tsunamis de cette ampleur. Les évaluations sismiques et les mesures de protection en place ne prenaient pas en compte la possibilité d’une vague aussi élevée, ce qui a conduit à une préparation insuffisante face à un tel événement. 
Cette sous-estimation a été critiquée après la catastrophe, mettant en lumière la nécessité de réévaluer les risques naturels et de renforcer les infrastructures de protection des installations nucléaires.
Autre exemple, l’automobile est un moyen de déplacement très sûr, cependant tu ne peux pas sortir l’humain de l’équation non plus, d’où le risque de 1 sur un million de mourrir dans une collision tous les 370 km.
Je suis content de voir mon anecdote sur Fukushima publiée !
Avant de rebondir sur l'anecdote en elle-même, je souhaite rappeler que :
- L'accident de Fukushima a commencé le 11 mars 2011, consécutivement au tsunami, lui-même causé par un séisme de magnitude 9,1 situé au large des côtes japonaises.
- La centrale possédait 6 réacteurs nucléaires, dont 3 étaient en arrêt prolongé (arrêt de tranche). Les trois autres se sont arrêtés automatiquement dès la survenue du séisme (arrêt d'urgence dit "SCRAM").
- Un réacteur à l'arrêt continue de produire beaucoup de chaleur (dite chaleur résiduelle ou puissance résiduelle) et doit être refroidi avec de l'eau : cette eau est mise en circulation par des pompes et des vannes électriques.
- Le séisme a endommagé le réseau de distribution électrique : la centrale de Fukushima ne produisait donc plus d'électricité, et n'en recevait pas non plus : la coupure de courant était totale.
- Les "diesels de secours" censés alimenter en électricité la centrale et les salles des commandes dans de pareilles circonstances ont été noyés par le tsunami et ne pouvaient donc plus fonctionner.
- Les explosions survenues à Fukushima ne sont pas des explosions de réacteurs : mais des explosions de bâtiments causés par une accumulation de dihydrogène (gaz explosif).
Chaque réacteur a suivi un scénario accidentel particulier, et l'anecdote parle ici du réacteur n°3, dont le bâtiment a explosé le 14 mars à 11h01.
Le réacteur n°3 dispose d'un système RCIC (Reactor core isolation cooling system), d'un système HPCI (High Pressure Core Injection system) et de vannes SRV (Safety Relief Valves).
Voici un résumé chronologique de l'accident :
Le 11 mars :
- À 15h05, le RCIC a été démarré manuellement, à titre préventif.
- À 15h25, il a été arrêté, le niveau d'eau dans la cuve étant trop important.
- À 15h38, les deux diesels deviennent indisponibles (car noyés par le tsunami), mais des batteries prévues pour ça permettaient de manœuvrer les vannes de régulation de ces deux systèmes afin de contrôler la pression et le niveau d'eau dans la cuve.
- À 16h03, le RCIC démarre de nouveau
Le 12 mars :
- À 11h36, le RCIC s'arrête.
- À 12h35, le HPCI démarre automatiquement sur un bas niveau d'eau dans la cuve. En prévision de l'épuisement des batteries, l'exploitant TEPCO prépare des moyens alternatifs d'injection.
Le 13 mars :
- À 2h42, le HPCI défaille. L'eau s'évapore, et le niveau dans la cuve diminue dangereusement.
- À 7h05, un appel général est lancé au personnel de TEPCO présent sur le site, afin de leur emprunter leur batterie de voiture.
- Aux alentours de 9h : le cœur du réacteur devient exposé à l'air et la fusion de ce dernier commence.
- À 9h08, grâce à l'électricité des batteries, les vannes SRV sont ouvertes, ce qui permet la dépressurisation (éventage) de la cuve.
- À 9h25, suite à cette dépressurisation, une injection d'eau douce peut enfin avoir lieu.
- À 12h20, les réserves d'eau douce étant épuisées, il est décidé de procéder à une injection d'eau de mer. Mais les travaux de basculement sont alors perturbés par des répliques sismiques.
- À 13h12, l'injection d'eau de mer commence alors, mais c'est insuffisant et le cœur continue de fondre pendant que la vapeur d'eau réagit avec le zirconium des gaines, dégageant du dihydrogène.
Le 14 mars :
- À 5h20, une nouvelle dépressurisation (éventage) est réalisée : libérant ainsi beaucoup de dihydrogène dans le bâtiment réacteur.
- À 11h01, le dihydrogène s'étant trop accumulé finit par exploser : les débris du bâtiment du réacteur n°3 sont projetés tout autour, endommageant les circuits d'injection d'eau de mer du réacteur, et de son voisin le n°2.
Le 15 mars :
- Vers 6h, le dihydrogène massivement produit par le réacteur n°3 s'étant préalablement répandu à travers une conduite jusque dans le bâtiment du réacteur n°4, conduisant à une explosion suivie d'un incendie. Ce réacteur était à l'arrêt, mais un refroidissement du combustible usé était tout de même nécessaire.
Dans la source "La Tribune", il est dit que :
Une tension de 120 volts étant nécessaire [pour démarrer les vannes SRV.], 10 batteries délivrant 12 volts devaient être trouvées pour être branchées en série.
À 7h05, un appel général était lancé aux ouvriers et techniciens présents sur le site, afin de leur emprunter leur batterie de voiture.
Suivi d'un autre à 7h21 pour leur emprunter cette fois-ci... de l'argent, afin d'aller en acheter au plus vite à la ville la plus proche, car il n'y en avait pas assez !
20 batteries finalement branchées, la dépressurisation (éventage) pouvait enfin intervenir
Je n'ai pas trouvé d'autres sources attestant de cet achat de batteries de voitures, mais il est vrai que l'illustration affichée à 13m26 par le documentaire « Inside Japan's Nuclear Meltdown » de Frontline BPS (dernière source) montre des batteries dans des cartons, ce qui laisse suggérer qu'elles ont été fraichement déballées.
J'espère que cette anecdote et ce double commentaire vous auront appris des choses (ou au moins rafraichi la mémoire), et que vous ne vous adonnerez pas en réponse à une critique facile (ou simpliste) de l'industrie nucléaire.
Il convient de garder à l'esprit que d'autres secteurs industriels connaissent de graves accidents, y compris dans le secteur de l'énergie (plateformes, pétrolières, raffineries, barrages hydroélectriques, industrie gazière, mines de charbon).
Certains se souviendront peut-être que j'avais critiqué par le passé le fait que des anecdotes SCMB étaient publiées suite à des vidéos récentes publiées sur YouTube.
Et bien je plaide coupable : j'ai appris cette anecdote sur la chaine de Obiyann, dans sa vidéo "Que s'est-il passé lors de l'accident de FUKUSHIMA ?" citée en source.
Je vous la recommande : www.youtube.com/watch?v=ZW58OX2IBfM&t=940
Au sujet des batteries, après en avoir pillé 6 sur des véhicules d'entreprise et 20 sur des véhicules de salariés volontaires, oui des employés sont allés en acheter en ville, mais n'ont pu en trouver que 8. Les batteries dans la video de Frontline sont des batteries industrielles (genre pour onduleur), on peut voir les poignées sur le dessus, c'est différent des batteries de voitures.
Le 12 mars Tepco avait commandé 1000 batteries à Toshiba, mais celles-ci ne sont arrivées que le 14 mars (et encore, seulement un tier) car ils n'avaient pas les autorisations necessaires pour les transporter sur les autoroutes japonais.
A noter que si on ne connait pas l'electricité on pourrait croire que 10 batteries de 12V étaient nécessaires parce que le pays est en 120V, mais les batteries ne donnent que du courant continu (DC), pas de l'alternatif (AC), donc ca n'aurait pas fonctionné, et de plus le Japon tourne en 100V AC, ce qui est assez unique d'ailleurs. Donc le besoin de 120V ne vient pas de là.
Il est facile de penser qu'on aurait dû faire mieux, que machin avait prévenu, que bidule s'est trompé. Mais la vérité c'est que nul n'est infaillible, que des gars qui disent tout et n'importe quoi il y en a partout tous les jours, et que la conception et la gestion d'une centrale sont bien plus complexe que ce que vous envisagez.
Un exemple, la digue faisait un peu moins de 6m parce qu'on n'avait jamais vu ni envisagé de Tsunami si gros. Maintenant on sait qu'ils peuvent faire au moins 15m, on fait un mur de 15m ? De 20m ? Et qu'est-ce qui se passera quand le tsunami fera 25m ? Qui paye pour se protéger d'un risque impalpable ? L'état ? Le constructeur ? Le proprio ? Le gestionnaire ? Les clients ? Est-ce qu'ils reconnaissent tous le risque ? Combien de temps et d'énergie sera nécessaire pour convaincre tout le monde ? Faudra lancer une étude de risques conjointe. Seront ils tous d'accord sur les conclusions et mesures a mettre en œuvre ? S'ils tombent finalement d'accord comment financer ? Et si la gestion de ce nouveau risque dépasse leurs capacités financières on ferme la centrale et on prive tout le monde d'électricité ? Non on va plutot trouver un compromis et mitiguer les risques. Et cette mitigation peut être la perte des infrastructures, l'arrêt et la reconstruction.
Imagine, je te met en garde qu'il y a un infime risque que ta maison soit détruite par une météorite et que tu devrais donc déménager pour un bunker sous-terrain.
Tu refuse et un jour que tu n'es pas chez toi, une météorite pulvérise ta maison et ta famille. Devrait-on te traiter de criminel ?
La réglementation a tout de même de bons effets: en France en 1972 il y avait 130 décès pour 100k véhicules sur les routes, en 2023 c’était 9. On n’arrivera jamais à zéro par contre.
"une énergie sûre et sans danger" qu'ils disent ...