En 2000, le Rwanda a connu un taux d'incarcération record avec 1369 détenus pour 100 000 habitants. À titre de comparaison, ce taux est de 103 en France et 666 aux États-Unis. Le Rwanda sortait d'un génocide contre les Tutsis, faisant un million de morts, et 100 000 Hutus furent emprisonnés.
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Je vous conseille vivement le livre « Petit Pays » de Gaël Faye, qui raconte ce triste épisode à travers les yeux d’un enfant, avec beaucoup de poésie.
J'en vois de plus en plus, des raccourcis du genre sur internet : "arrêtez la victimisation" ou "tous les peuples ont été envahis à un moment donné de l'histoire" comme une injonction des pays africains à prendre leurs responsabilités, à se bouger les fesses, sans un minimum de recul et sans analyser un minimum les forces géopolitiques et les influences de certains États sur d'autres.
États-Unis : 666
Hell is coming
Non ? Personne ?
« La société traditionnelle rwandaise perçue par le colonisateur se divise en trois groupes selon la profession exercée, mais considérés comme des races d'origines diverses :
• les Tutsi : éleveurs, parmi lesquels se distinguaient de riches et puissants propriétaires de troupeaux ;
• les Hutu : agriculteurs, paysans ;
• les Twa : artisans et ouvriers.
Cette vision de la société rwandaise fait abstraction de l'existence d'une vingtaine de clans, références identitaires plus importantes aux yeux des Rwandais de l'époque. Ces clans étaient tous composés de Hutu, de Tutsi et de Twa, sur chacun desquels régnait un « petit » Mwami qui pouvait être Hutu ou Tutsi, mais plus fréquemment Tutsi. Le Mwami du Rwanda, engendré par une dynastie royale Tutsi issue d'un des clans dominants, régnait sur cet ensemble clanique.
Les Belges héritèrent de cette colonie après leur victoire sur les troupes de protection de l'Afrique orientale allemande à la fin de la Première Guerre mondiale. La Société des Nations confia la tutelle du Ruanda-Urundi à la Belgique. Celle-ci considérait – avec les pères blancs toujours sur place – la situation héritée de la colonisation allemande comme correspondant à un état social multi-séculaire. Ils imposèrent les Tutsi pour exercer l'autorité sous la tutelle de l'administration coloniale ; même dans le nord-ouest du Rwanda où régnait une monarchie dominée par des agriculteurs hutu, plus ou moins soumise à la dynastie royale d'éleveurs tutsis du reste du Rwanda. »
fr.m.wikipedia.org/wiki/Génocide_des_Tutsi_au_Rwanda
« En Kinyarwanda, il n'existe pas de terme pour désigner l'ethnie. Les cartes d'identité ‹ethniques›, instituées par le colonisateur belge dans les années trente, utilisent le mot ubwoko, qui désigne en fait le clan. Ubwoko est traduit en français sur la carte d'identité par ethnie. Mais les clans du Rwanda sont composés de Tutsi, de Hutu et de Twa. Certains sont dominés par des Hutu et d'autres par des Tutsi.
Ces données remontent selon la tradition orale au moins jusqu'au xvᵉᵐᵉ siècle. Au-delà, on manque de connaissances, même si des historiens occidentaux ont avancé des théories non confirmées. En effet, aucune trace historique, archéologique et/ou linguistique connue ne confirme les hypothèses émises par ces théories sur l'origine des Rwandais. Les Hutu, les Tutsi et les Twa parlent la même langue, le kinyarwanda, ont les mêmes coutumes, notamment se marient de la même manière, assez souvent entre membres de deux groupes dits ‹ethniques›, ont la même foi ancestrale en un dieu unique Imana, ont évolué vers les mêmes religions apportées par la colonisation, et vivent ensemble sur tout le territoire du Rwanda. »
« En 1931, le colonisateur belge décrète officiellement une identité ethnique pour les colonisés et les documents administratifs précisent alors systématiquement la catégorie ‹ethnique› de chaque indigène.
Le colonisateur ayant estimé que les Tutsi étaient une race supérieure aux Hutu et aux Twa, il va les instituer systématiquement comme "relais coloniaux", destituant par la même occasion tous les responsables hutu que la dynastie tutsi reconnaissait pourtant. Finalement, l'administration belge a favorisé les Tutsi sur tous les plans, y compris l'accès aux études supérieures qui, à l'exception du séminaire, furent interdites aux Hutu et réservées aux Tutsi. »
fr.m.wikipedia.org/wiki/Ethnisme_au_Rwanda
Bon en gros il n’y avait ni clivages, ni « racisme », ni « terreau de haine ». On désigne par « tutsi » un éleveur et « hutu » un agriculteur. Les mariages tutsi-hutu existaient et un hutu pouvait devenir tutsi et inversement. Le véritable raccourci fait ici c’est : conflit+Afrique ⇔ « haine ancestrale entre tribus ». Il n’y a ni haine ancestrale, ni tribus !
Les belges ont malheureusement créé un terreau de haine très fertile qui a causé des massacres de masse contre une même population, soit un génocide.
Pour revenir au génocide, je pense que n’importe lequel d’entre nous aurait une haine envers les tutsi si nous étions hutus. L’erreur est de ne pas avoir annihilé les clivages instaurés précedemment à la décolonisation.
(Commentaire un peu long mais c’est que du ctrlC-ctrlV.)
Tu m'as l'air bien sûr de toi dans cette histoire ; ta version devrait être la seule bonne semble-t-il... mais en ne prenant QUE tes propres sources (que tu aurais dû lire visiblement) je lis quoi ? "Les différentes versions sont controversés"... "historiquement on manque de connaissances"... "si le clivage ethnique a été exacerbé par la colonisation il était au moins en partie préexistant" (c'est juste ce que je disais)... Je lis aussi, toujours dans les sources que tu donnes... "les éleveurs Tutsis plus hauts placés dans la hiérarchie socio-économique traditionnelle"... "la dynastie royale était issue des éleveurs Tutsis"... "pour qu'un Hutu devienne Tutsi (et inversement) il fallait une décision royale"... Tout cela je le lis dans TES sources ! Et ce n'est pas fini : "les historiens s'opposent".. "certains avancent que"... "spéculations d'ethnologues"... etc, etc. Mais toi tu "sais" apparemment :) Toi tu as la bonne version.
Alors oui, la Belgique, en inversant le cours des choses et l'exploitation séculaire des Hutus par les Tutsis, a mis le feu aux poudres... Et c'est ce que je disais. Alors je te dispense, si tu veux bien, de tes leçons de morale sur la colonisation :)
« [Dire que ‹la haine entre deux tribus (qui a causé le génocide) est à cause des belges qui ont colonisé le pays avant son indépendance› est] un raccourci qui ne tient pas de compte de tout et qui voit l’histoire par le petit bout de la lorgnette. La différence ethnique et le ‹racisme› entre Hutus et Tutsi datent de bien avant la colonisation. »
Tout ce que je lis, c'est : « c'est pas à cause de la colonisation qu'il y eu un génocide » même si tu sembles reconnaitre qu’elle y a participé. Donc tu défends la colonisation en disant que c'est pas elle qui a causé le génocide.
Bon avant de te dire quelle version est vraie, j'aimerais te dire que c'est vraiment simple de tirer des phrases de leur contexte et ensuite de dire « Oh ! Ça vient de TES source ! ». C'est aussi simple de modifier le contenu, la moindre des choses c'est de copier-coller...
Bref replaçons les choses dans leurs contextes :
‣ « Les différentes versions sont controversés ». J’ai recherché « contro », « différen », et « version », rien n'apparaît.
‣ « historiquement on manque de connaissances ». Voici le vrai texte : « Mais les clans du Rwanda sont composés de Tutsi, de Hutu et de Twa. Certains sont dominés par des Hutu et d'autres par des Tutsi. Ces données remontent selon la tradition orale au moins jusqu'au XVe siècle. **Au-delà, on manque de connaissances**, même si des historiens occidentaux ont avancé des théories non confirmées. » L'argument va dans mon sens.
‣ « si le clivage ethnique a été exacerbé par la colonisation il était au moins en partie préexistant ». Vrai texte, dans le paragraphe « Historiens privilégiant la lecture ethnique » : « De son côté, Filip Reyntjens, tout en marquant certaines différences avec Erny et Lugan, a également critiqué Jean-Pierre Chrétien et son ‹école franco-burundaise›, affirmant que **si le clivage ethnique entre hutus et tutsis a été exacerbé par la colonisation, il était au moins en partie préexistant**. » Plus haut, on peut lire : « l'historien Jean-Pierre Chrétien, directeur de recherche au CNRS, fait des conférences sur l'ethnisme qu'il rassemblera dans un livre publié en 1997 sous le titre ‹Le défi de l'ethnisme : Rwanda et Burundi›. En général, les éléments mis en lumière par Jean-Pierre Chrétien sont acceptés par de nombreux chercheurs, avec des nuances, telles que celles de Claudine Vidal ou de Gérard Prunier en France. Les autorités rwandaises actuelles reconnaissent ces travaux comme plus proches de la réalité historique rwandaise. »
‣ « les éleveurs Tutsis plus hauts placés dans la hiérarchie socio-économique traditionnelle ». Vrai texte : « Le terme Tutsi désignait les éleveurs possesseurs de nombreuses vaches tandis que les agriculteurs, **moins haut placés dans la hiérarchie socio-économique traditionnelle, étaient dénommés Hutus**. » Un cadre n'est-il pas mieux « placé dans la hiérarchie socio-économique » qu'un ouvrier ? Deux métiers différents impliquent cette hiérarchie...
‣ « la dynastie royale était issue des éleveurs Tutsis ». Vrai texte : « Si **la dynastie royale était issue des éleveurs tutsi** (plus précisément du clan Nyiginya), la majorité des Tutsi n'en faisaient pas partie. En outre, le roi lui-même (le Mwami) perdait, selon l'un des derniers d'entre eux, sa qualité de Tutsi en arrivant sur le trône. » D'ailleurs, en quoi l'origine d'un roi est de l'ethnisme ?
‣ « pour qu'un Hutu devienne Tutsi (et inversement) il fallait une décision royale ». Texte : « d'autres Rwandais pouvaient aussi changer de groupe en fonction de certains événements entraînant une décision royale. Ainsi, un agriculteur ‹Hutu› pouvait parfois devenir ‹Tutsi› et réciproquement ». Apparemment, je trouve aussi : « selon son nombre de vaches, un Hutu pouvaient devenir Tutsi et réciproquement un Tutsi qui perdait ses vaches devenait Hutu ».
‣ « les historiens s'opposent ». Comme dans tous les sujets historiques -_-
‣ « certains avancent que ». Comme dans tous les sujets historiques -_-
‣ « spéculations d'ethnologues ». Pas trouvé.
Bon, du coup, moi je crois à la version officielle, la plus plausible et probable. Rien que le fait que le mot « ethnie » n'existe pas dans leur langue montre qu'il s'en fichait...
Conclusion : la Belgique n'a pas mis le feu aux poudres comme tu dis, mais la Belgique a mis de la bonne poudre qui a éclaté salement après.
Bref, tu te voiles les yeux et si c'est un troll, bien joué, tu m'as fais perdre mon temps. Désolé si je peux paraître méchant, je ne le suis pas.
PS : j'ai rien contre les Belges et les pays colonisateurs en général, j'estime que le passé est passé et que les hommes qui ont commis des crimes sont morts et enterrés.
La responsabilité des colonisateurs est certes indéniable, mais ce ne sont pas des populations d'enfants.
Il y a une différence entre une vengeance personnelle et l'épuration d'une caste.
Les gens là-bas sont incapables de prendre des décisions?
Ou qu'on n'a pas forcément bien décrit ce qu'on voulait dire l'un et l'autre... Ce qui m'a un peu gonflé (mais sans colère :) c'est que tu as écrit que j'avais pour habitude de défendre les colonisations ; du coup je ne comprenais pas pourquoi tu disais ça, et j'ai dû lire le reste sans le "recul" nécessaire :)
Bon... pas bien important tout ça ; j'aime bien tes interventions d'habitude :)
Voici un lien pour lire les premières pages: geo.phile.free.fr/IMG/pdf/1._ebene_rwanda.pdf
Oui, j’avoue que c’est gonflant ce que j’ai dis et je m’en excuse, mais je l’ai dit parce que c’est la deuxième fois que tu finis en top commentaire en disant un truc que j’estime faux, qui consiste à « faire diminuer la part des colons européens dans un problème » (j’avoue aussi que « faire diminuer la part des colons » ⇒ « défendre la colonisation » est un raccourci).
Ce que je souhaite, c’est que la vérité soit partagée dans cette application, et quand je pense aux gens qui ne lisent que le top commentaires, et qui vont lire un truc pas très proche de la réalité, ça m’énerve.
Bref, allez sans rancunes :)
Je pense avant tout au contexte, nous sommes dans un pays pas très développé, donc pas trop d’écoles, et encore moins pour les hutus qui sont défavorisés. Nous sommes en 1994, le système inégalitaire est présent depuis au moins 1931, soit 59 plus tôt, l’espérance de vie en 1990 était de 58 ans, en gros, tout les hutus étaient nés dans ce cercle de haine.
Personnellement, j’estime que si un grand nombre de gens ont participé à un massacre, on ne pourra pas tous leur en vouloir pour ça. Si tu crées un barrage, et qu’il y a un surplus d’eau, on ne va pas se demander « pourquoi le surplus coule-t-il ? », mais « pourquoi y a-t-il eu un surplus ? ». Ici, ce surplus a détruit le barrage et toute la haine s’est déversée.
J’insiste sur le fait que si nous étions nés hutus en 1950, nous, européens du XXIᵉᵐᵉ siècle, beaucoup d’entre nous auraient pris la machette pour dézinguer du tutsi.
De même, si nous étions Allemand en 1930, beaucoup d’entre nous seraient nazis alors qu’on condamne aujourd’hui le nazisme.
Peut-on en vouloir au soldat nazi lambda, qui a grandi dans la haine et qui suit les ordres, d’avoir tué ?
Il est vrai que le contexte social est important.
Il y a de nombreux témoignages de gens ayant grandi dans ce contexte De pression forte extérieure à l'individu (un principe général applicable au Rwanda comme dans l'Allemagne nazie, pour reprendre les exemples) et qui n'arrivaient pas à se sortir de ce logiciel car, disent-ils, il n'ont jamais rien connu d'autre.
Dans un autre sens, au procès de Nuremberg, beaucoup ont reconnu qu'au fond d'eux-mêmes ils savaient que ce qu'ils faisaient était mal, ce qui a servi de base (entre autres) pour les juger.
La conscience des tortionnaires nazis a commencé à les juger avant les juges de Nuremberg, car malgré la propagande, une petite voix continuait de les convaincre de leur culpabilité.
C'est un principe général applicable à tous.
Je pense que les hurlements de peur et les cris dedouleur des victimes suffisent à convaincre quiconque a encore l'esprit clair de ne pas aller jusqu'à massacrer une population.
Le génocide rwandais n'était pas un acte impulsif, c'était voulu et attendu.
S'il y en a eu pour se laisser convaincre de le faire, certes les initiateurs sont coupables (on est apparemment d'accord avec ça), mais celui qui accepte de le faire partagent la faute avec eux ( et je suppose qu'on est à peu près d'accord aussi).
Ce n'était pas pour dire qui a tord ou raison, juste réfléchir sur des exemples du passé.
Oui je suis d’accord avec toi sur le fait qu’au fond de l’âme de certains, il y avait surement un truc qui leur disait « c’est mauvais ». Cependant, parfois la haine est inexpliquable et d’autres ne vont pas chercher à comprendre. À mon humble avis, je pense que beaucoup étaient dans ce cas-là, « tuons-les tous », à cause d’une haine qu’ils ont hérité et développé.
Je pense qu’il y a trois catégories de gens, les « pourquoi les tuer ? », les « tuons-les », et les « je m’en fous » qui se sont contenté de suivre la majorité.
Le gros problème ici, c’est que les hutus « modérés », ceux qui ne voulaient pas tuer des tutsis, se faisaient tuer aussi ! En gros, si pour certains le génocide était facile, pour d’autres c’était « c’est moi ou toi », finalement, ils se sont contentés de survivre...
Du coup les trois catégories vont tuer.
Ça a été très difficile après la guerre de juger les nazis, finalement qui est coupable dans ce mouvement ? Quelles sont les gouttes qui ont fait céder le barrage dans ces millions de gouttes ?
Je pense qu’il faut juger ceux qui semblent les directeurs du génocide, ainsi que ceux qui semblent l’avoir fait de leur propre gré, mais avec une peine plus maigre (parce que se baser sur des impressions n’est pas scientifique et le fait qu’ils avouent est une bonne chose). Je pense aussi qu’il faut juger ceux qui ont permis un climat propice au massacre.
Comme pour les nazis, je pense qu’il y avait quand même des hutus qui ont protégé des tutsis d’une manière ou d’une autre, mais on ne le saura jamais parce qu’on est pas documentés.
Ils avaient réussi à dépasser ce clivage social. Ils les ont protégés, souvent en les cachant, au péril de leur vie et certains l'ont payé de la leur.
Je ne saurais pas dire avec certitude pourquoi on n'en a pas entendu parler...
Si j'étais taquin je dirais que cela prouvait qu'il était possible de s'en sortir autrement que par un génocide, et que ceux qui étaient responsables de ce massacre (de par leur inaction) ont voulu mettre ça sous le tapis.
Heureusement, je ne suis pas taquin.
C'est vrai, juger, même après coup, est difficile. Et puisque j'en suis dispensé je n'en ferai rien.