La "loi de proximité" est un principe qui veut que l'importance d'une information dépend de sa proximité géographique, temporelle, affective, etc. Nous sommes par exemple plus "touchés" par un drame qui se produit près de chez nous ou dans un pays que nous avons visité que par un drame lointain.
Dans le même ordre d'idées, on parle aussi de "mort kilométrique" : ce terme désigne le fait qu'une mort nous affecte d'autant moins qu'elle nous parait éloignée.
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'' -Dis Papa, pourquoi ils précisent qu'il y a des français dans le crash de l'avion ?
- Pour savoir si on s'en fout ou pas. "
J’en suis absolument convaincu depuis une expérience qui m’est arrivée il y a quelques années. Je me promenais sur une plage à Hossegor lorsque j’ai vu une douzaine de personnes fouiller le sable à mains nues, en pleine panique. Je me suis joint à eux. Il s’agissait de retrouver et de déterrer un gosse de 18 ans qui avait creusé un tunnel pour s’amuser mais sur qui le sable s’était refermé. Tous autant que nous sommes, nous aurions donné notre vie pour sauver ce gamin. Nous y sommes finalement parvenus in extremis. Il était inconscient et tout bleu. Un hélicoptère est venu le chercher pour le conduire à l’hôpital.
Pourtant, et c’est là que je veux en venir, je suis convaincu qu’une bonne moitié des gens qui se sont bagarrés pour venir à son secours n’était pas pour autant favorable à repêcher les migrants qui se noyaient par dizaines dans la Méditerranée à l’époque.
C’était alors un sujet brûlant de l’actualité et cette mésaventure m’a beaucoup fait réfléchir. Désolé pour ce laïus. J’espère ne pas lancer un débat houleux, ce n’était pas mon objectif.
Je m'explique.
L'anecdote dit que la proximité géographique est un facteur d'influence, mais aussi temporelle et affective.
La dimension affective semble beaucoup jouer sur ta perception des choses : c'est conforme à ce que dis l'anecdote.
Aussi, quand tu parles des débuts du coronavirus, il me semble que l'annonce d'un nouveau virus en 2019 a laissé indifférent beaucoup de Français. "Ah ils nous ont encore trouvé un nouveau virus, comme chaque année" disait-on avant de passer à autre chose.
Toi, tu évoques le traitement médiatique de 2020, mais à cette époque, le virus c'était déjà rependu et sa proximité géographique était supérieure, ce pourquoi les médias l'ont mis en avant.
Enfin... Tout ça pour dire que je pense que l'intensité avec laquelle les médias traitent une information est une conséquence de ce que décrit l'anecdote - et pas l'inverse.
Tous les commentaires (35)
'' -Dis Papa, pourquoi ils précisent qu'il y a des français dans le crash de l'avion ?
- Pour savoir si on s'en fout ou pas. "
Mouais je ne suis pas convaincu.
L'importance d'une information vient surtout de la façon dont elle est traité par les médias.
Par exemple quand en 2020 les médias annonce des morts en Chine d'une nouvelle forme de grippe, cela fait la une et tourne en boucle sur toute les chaînes. Et pourtant c'est à l'autre bout du monde.
Pendant le même temps, des familles sont spoliées de leurs bien depuis 50 ans à nom des colons, des crimes contre l'humanité ont lieu la bas, et aucun média en parle. Et pourtant la Palestine déguste quotidiennement.
Personnellement, je suis beaucoup plus touché par le 2 ème cas, même face à la guerre en Ukraine, qui est pourtant plus proche de nous.
Je ne cherche pas à polémiquer sur ces sujets, ce sont juste 2 exemples qui me semble pertinent.
J’en suis absolument convaincu depuis une expérience qui m’est arrivée il y a quelques années. Je me promenais sur une plage à Hossegor lorsque j’ai vu une douzaine de personnes fouiller le sable à mains nues, en pleine panique. Je me suis joint à eux. Il s’agissait de retrouver et de déterrer un gosse de 18 ans qui avait creusé un tunnel pour s’amuser mais sur qui le sable s’était refermé. Tous autant que nous sommes, nous aurions donné notre vie pour sauver ce gamin. Nous y sommes finalement parvenus in extremis. Il était inconscient et tout bleu. Un hélicoptère est venu le chercher pour le conduire à l’hôpital.
Pourtant, et c’est là que je veux en venir, je suis convaincu qu’une bonne moitié des gens qui se sont bagarrés pour venir à son secours n’était pas pour autant favorable à repêcher les migrants qui se noyaient par dizaines dans la Méditerranée à l’époque.
C’était alors un sujet brûlant de l’actualité et cette mésaventure m’a beaucoup fait réfléchir. Désolé pour ce laïus. J’espère ne pas lancer un débat houleux, ce n’était pas mon objectif.
Je m'explique.
L'anecdote dit que la proximité géographique est un facteur d'influence, mais aussi temporelle et affective.
La dimension affective semble beaucoup jouer sur ta perception des choses : c'est conforme à ce que dis l'anecdote.
Aussi, quand tu parles des débuts du coronavirus, il me semble que l'annonce d'un nouveau virus en 2019 a laissé indifférent beaucoup de Français. "Ah ils nous ont encore trouvé un nouveau virus, comme chaque année" disait-on avant de passer à autre chose.
Toi, tu évoques le traitement médiatique de 2020, mais à cette époque, le virus c'était déjà rependu et sa proximité géographique était supérieure, ce pourquoi les médias l'ont mis en avant.
Enfin... Tout ça pour dire que je pense que l'intensité avec laquelle les médias traitent une information est une conséquence de ce que décrit l'anecdote - et pas l'inverse.
La 11 septembre a choqué profondément la France, les morts aux Yemen, eux, pas du tout. Alors que la distance est égale on comprend que cette notion n’a aucun fondement logique si ce n’est que les occidentaux ne s’attriste que lorsque les victimes sont occidentales
Dans le genre "pire que les morts kilomètriques", j'ai déjà entendu l'expression de "mort mélanine"
L'idée serait, par exemple, qu'un tremblement de terre en Californie nous affecterait émotionnellement plus que la même catastrophe au Pakistan.
Cela c'est, d'une certaine façon, vérifiée avec les réfugiés Ukrainiens "qu'il faut accueillir", alors que cela était plus contesté pour les réfugiés Syriens.
Je conçois que l'expression soit profondément morbide, absolument pas politiquement correcte, et sans aucun doute raciste. Elle me semble malheureusement assez vraie pour autant
Pendant l'évacuation de l'Afghanistan il y a peu, j'étais enceinte. Quand je voyais les dames soulever leur bébé pour le donner aux GI's, je peux vous dire que j'en ai chialé et encore chialé. J'en chiale encore en fait (bébé a 2 mois, j'allaite, je suis HS...et puis): c'est carrément horrible l'idée qu'une mère en vienne à se dire qu'abandonner son bébé aux mains de parfaits inconnus serait plus sûr pour lui que de rester avec sa maman.
Pour les attentats du 11 septembre...perso quand j'ai vu les images, au départ j'ai cru à une bande annonce d'un nouveau film d'aventure super bien. Quand j'ai vu le nombre de morts...pfiou j'étais malade. Surtout en fait le fait qu'on nous visait "nous" (le monde occidental). Donc forcément...on s'est sentis proches.
Pour le Yémen...j'ai aucune idée de ce qui s'est passé. Je devais être trop jeune, ou alors pas à fond dans les infos à cette époque là...
Pour l'Ukraine, ce qui fait qu'on accepte plus facilement les réfugiés c'est qu'ils nous ressemblent. Ils sont proches de nous...oui, c'est triste, c'est raciste si vous voulez mettre ce mot, mais en fait c'est normal. Je vous assure qu'en fait dans l'autre sens ce serait pareil. En Inde ils s'en tamponnent de ce qui se passe chez nous, ou en Ukraine. Mais si ça se passe pas loin de chez eux....
Edit : on peut aussi changer sa perception en grandissant. Par exemple je me souviens très bien quand j'étais petite du carnage au Rwanda. On accueillait des enfants et tout. A l'époque je m'en fichais, en plus j'étais déçue car dans mon école on en avait pas accueilli. J'avais encore jamais rencontré plus d'un enfant coloré en même temps. En tout cas j'en avais pas vraiment conscience, qu'ils avaient une couleur. Bon, ben maintenant je connais un pote rwandais qui est arrivé à ce moment là...tout est différent. Quand il m'a raconté ce qu'il a traversé,...brrrr, j'en ai eu des frissons. Et encore, il a édulcoré car il répondait aux questions de mon aîné (2 ans et demi à l'époque ) : "pourquoi t'es noir, toi ? Tu viens de France ? Mais pourquoi t'es pas retourné en Afrique ? C'est quoi la guerre ?.... ". (Et ça l'a fait marrer quand je lui ai dit qu'à l'époque j'avais été frustrée de ne pas avoir de nouveau copain rwandais.)
Bref, je pense que ce principe de proximité correspond non seulement à la proximité géographique, mais aussi culturelle, sociétale. On est plus touché si ça touche des gens qu'on pourrait connaître...
En Irak ils auraient plus de mal à nous recevoir si on en avait besoin, que peut-être des ukrainiens...
En Californie ils nous accueilleraient plus facilement qu'en Inde ou au Yémen... Et je ne parle pas de la richesse...je parle du fait que c'est plus facile d'accueillir des gens qui ont à peu près les mêmes habitudes de vie, les mêmes valeurs, peut-être la même religion...que des gens qu'on ne connaît absolument pas.
Il se peut également que nous soyons plus indifférents aux tragédies qui se déroulent dans des pays lointains, pays habitués à ces drames : guerres, cataclysmes, famine, etc, ont un air de déjà vu pour nous ...
Il ya d'ailleurs eu le même débat avec la solidarité avec l'Ukraine, qui ne devrait pas l'air être réservée. L'Ukraine est plutôt inconnue et bénéficie d'une image plutôt neutre, voire positive depuis le conflit (le peuple est vu comme héroïque), il y a donc plus d'empathie par rapport à d'autres nations qui sont mal vues car associées, aussi à tord, à de vagues d'immigrants précédentes et mal intégrées.
Ce qui est dommage, c'est que ces biais et approximations sont peut-être connues, mais que nous n'en sommes pas assez sensibilisés ou conscients pour les remplacer par des arguments factuels. Ça laisse de la place pour des fantasmes dont profitent certains politiciens (que ce soit du côté bisounours ou du côté "tout est la faute de l'étranger")
Une information cela se vérifie avant d’affirmer des bêtises.
Il n’y a aucun rapport avec l’accueil des ukrainiens (merci les assoc qui racontent n’importent quoi) et les syriens.
Pour rappel, et sans même parler de la représentativité de ces nationalités au tableau de l’immigration irrégulière, les statuts ne sont pas les mêmes. Le statut des Ukrainiens au travers de la protection temporaire est bien plus restrictif que celui des Syriens qui sont demandeurs d’asile.
La protection temporaire est TEMPORAIRE et limitée 3 ans maximum ! L’autorisation provisoire de séjour est limitée à six mois reconductible automatiquement jusqu’à 3 ans.
Donc au bout de trois ans c’est fini, si la situation évolue ça dure moins de trois ans.
A l’inverse le demandeur d’asile c’est 1 an puis pluriannuelle jusqu’à obtenir un titre de séjour.
L Ukrainien est moins bien protégé alors qu’il est plus proche culturellement. (Pour reprendre vos propos et sans jugement de valeur de ma part)
La on est juste sur du droit, très vérifiable sur le site de l’Europe ou le service public.
Maintenant vous pouvez consulter le site de la DGEF ou du SSMI sur les migrants. 90% des ukrainiens sont des femmes et enfants, beaucoup d’hommes (et même de femmes) combattent.
Les syriens c’est 90% d hommes qui fuient en abandonnant tout : combat (compréhensible tout le monde n’est pas un guerrier) mais surtout les femmes les enfants et les vieux.
Tous mes propos sont vérifiables sur n’importe quel site : Europe, legifrance, ministère…
Si le monde était partial et juste, ça se saurait...
Je change de sujet. Il va falloir créer une nouvelle rubrique pour le classement des anecdotes. Je les vois dans vie pratique ou divers mais tout ce qui parle du traitement de l’information par le cerveau porte un nom : les sciences cognitives.
Bon en même temps c’est ma spécialité
Qui se ressemble s'assemble
Pour ma part, j'ai toujours trouvé ça assez normal, on a forcément toujours plus d'affinités avec des personnes dont on se sent proche, que ce soit physiquement, localement, culturellement etc...
Je ne dis pas que c'est bien ou mal, mais c'est comme ça. Un peu comme les vegans qui veulent mettre la souffrance animale au même niveau que la souffrance humaine. Je comprends bien leur point de vue, mais on sera toujours plus affecté par la mort d'un humain que d'un animal ( hors approche affective effectivement).
Et quand je vois des gens qui s'offusquent qu'on ne considère pas assez les atrocités qui se passent loin de nous, je repense toujours au petit prince, quand le renard dit:
-"Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé..."
Voila, c'est un commentaire sans jugement, je constate simplement qu'on est moins sensible au gens qui nous ressemblent bien, peut-être que c'est mal, mais je pense qu'au fond on n'y peut rien, et dans tous les cas on ne peut jamais suporter toutes la misère du monde, alors autant essayer de s'occuper de celle qui nous touche.